Philippe Vigier : « Il faut qu’on ait une vision, il faut qu’on ait un cap. »
Philippe Vigier, député d'Eure-et-Loir, était sur l'antenne de Radio J ce matin pour évoquer le travail accompli par le Premier ministre sortant ainsi que l'avenir du pays.
L'entretien accordé par Philippe Vigier traduit une conviction claire : la vie politique française ne peut plus se réduire aux jeux d’alliances ou aux coups tactiques, elle doit répondre à une exigence de responsabilité et de cohérence. L’ancien ministre et député MoDem insiste sur les défis qui attendent le pays, rappelant d’abord que « François Bayrou s’en va, mais les dettes restent. Et il va falloir gérer la France. »
Dans ce contexte tendu, marqué par le rejet du gouvernement sortant et la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, Philippe Vigier défend une ligne de vérité. Il rappelle que François Bayrou a refusé la politique de la surenchère parlementaire : « Il ne voulait pas que ce soit la foire à la saucisse où chacun disait : “moi il me faut un milliard, sinon je ne vote pas.” » Car la France n’a plus les moyens de se bercer d’illusions :
La France travaille moins que les pays qui nous entourent, cette France qui a plus de chômeurs que les pays qui nous entourent, avec une dérive des comptes publics.
Les jeux d’opposition politicienne ne doivent pas faire oublier la gravité de la situation. Philippe Vigier pointe ainsi les calculs du Rassemblement national : « Le RN qui pendant plusieurs mois n’a pas mêlé ses voix à celles des Insoumis, c’est certainement lié au calendrier électoral de Mme Le Pen. » À l’inverse, lui appelle à l’unité et à la responsabilité : « Il faut qu’on ait une vision, il faut qu’on ait un cap. »
Car l’instabilité politique, martèle-t-il, n’est pas une option. « Ceux qui veulent précipiter une nouvelle dissolution, ils sont sûrs que demain il y aurait une majorité claire ? » Et l’enjeu est concret :
En France, il n’y a pas le shutdown comme aux États-Unis. Mais si il n’y a pas de nouveau budget, les retraites ne seront pas revalorisées, les minima sociaux ne seront pas revalorisés.
Le député Les Démocrates n’élude pas les nécessaires réformes structurelles. Sur l’assurance chômage, il dénonce les abus, c'est à dire qu'« il y a des gens qui sont au chômage, et qui ont 53 ans et des difficultés à trouver un boulot. À côté de ça, il y en a qui profitent des droits rechargeables. (…) Est-ce que vous connaissez un seul pays d’Europe où il y a ça ? Pas un seul. » Pour lui, il faut remettre la solidarité au service de l’équité et de l’efficacité.
De même, il refuse le fatalisme quant au fonctionnement du Parlement.
Il ne faut pas imaginer que c’est la guerre des tranchées matin, midi et soir. (…) On a fait passer 51 textes depuis le début de l’année, de façon transpartisane.
Preuve que, malgré les tensions, des compromis sont possibles et qu’une gouvernance constructive demeure à portée de main.
Sur les grands chantiers, Philippe Vigier plaide pour une approche pragmatique. Ainsi du système de santé : « est-ce que vous croyez que le système de santé, c’est un puits sans fond ? Je suis sûr qu’à périmètre financier identique, on peut faire mieux. » affirme-t-il. Ou encore sur le pouvoir d’achat : « on peut augmenter le pouvoir d’achat des salariés (…) en terminant la suppression des charges sociales. Et on le compenserait par un bout de TVA. »
Enfin, sur le plan international, il sonne l’alerte face aux menaces géopolitiques.
Poutine, de toute façon, n’a aucune parole. Il fera tout pour essayer de reconstituer l’ancienne Russie.
Et de rappeler que l’Europe doit prendre sa part de responsabilité car il prévient que « les Américains, quoi qu’il arrive, continueront de partir ».
À travers cet entretien, Philippe Vigier dessine une ligne claire : refus des postures, sens de l’intérêt général, volonté de bâtir des compromis solides. Une exigence de cap et de courage, au service de la France et des générations futures, dans la continuité de ce qu'a porté François Bayrou comme Premier ministre ces 9 derniers mois.