François Bayrou : « Quand on croit en quelque chose dans la vie, on se bat jusqu'à la dernière minute. »
François Bayrou, Premier ministre, était l'invité de Léa Salamé sur le plateau du 20h de France 2.
Léa Salamé : François Bayrou, bonsoir Monsieur le Premier ministre.
François Bayrou : Bonsoir Monsieur le Premier ministre.
Léa Salamé : Merci d'être avec nous ce soir. À 4 jours du vote de confiance que vous avez demandé et qui a peu de chance de passer. Ce sera lundi. Vous êtes quelqu'un de direct François Bayrou, ma première question sera très directe. Franchement, vous regrettez ?
François Bayrou : Je regrette quoi ?
Léa Salamé : D'avoir demandé ce vote de confiance ?
François Bayrou : Absolument pas. D'abord ce n’est pas un vote de confiance, mais on ne va pas faire du droit institutionnel. Ce n'est pas un vote de confiance…
Léa Salamé : Vous regrettez ?
François Bayrou : …Le vote de confiance était sous la IVème République. Maintenant, c'est un vote où le gouvernement engage sa responsabilité sur une déclaration de politique générale. Est-ce que je regrette ? En aucune manière.
Léa Salamé : En aucun cas ?
François Bayrou : Et c'est exactement le choix que j'ai fait. Je vais vous expliquer pourquoi. Depuis des mois, la France découvre, mais sans en tirer de conclusion, la situation que j'ai moi-même mise en évidence depuis des années, qu'elle croule sous les dettes. Et un pays qui croule sous les dettes, c'est un pays dont toute l'activité, toute la création de richesses est pompée par le fait qu'on doit payer nos créanciers tous les ans. Nos créanciers ne sont même pas en France, ils sont pour 60% à l'étranger. Et donc, cette question, qui est pour moi une question vitale, et notamment une question vitale pour les jeunes, parce que c'est eux qui vont pendant 30 ans être obligés de trimer pour porter la dette qu'on leur laisse.
Léa Salamé : Mais je vous entends dire ça, les Français vous entendent dire ça. Ça fait 10 jours qu'on vous entend, François Bayrou, partout. Vous êtes là, vous expliquez la dette, la dette, le matin à la radio, le soir à la télé, vous êtes là, vous essayez de convaincre. Et franchement, arithmétiquement, on la tourne dans tous les sens, ça ne passe pas lundi, vous n'avez pas convaincu. Est-ce que vous dites ce soir, j'ai tenté, j'ai essayé, j'ai raté ?
François Bayrou : En aucune manière. D'abord, vous dites, vous êtes le matin à la radio, le soir à la télé, c'est vous qui m'avez invité.
Léa Salamé : Très content de vous avoir.
François Bayrou : Non, non, ce n’est pas très content de vous avoir. Vous ne pouvez pas dire, « écoutez, vous faites le tour des plateaux » alors que vous avez insisté…
Léa Salamé : Oui, bien sûr, mais je suis très heureuse de vous recevoir.
François Bayrou : … Beaucoup pour que je vienne.
Léa Salamé : Mais la question est, qui vous arrivez à convaincre ?
François Bayrou : Mais peu importe. La question est qu'il ne peut pas y avoir de politique courageuse sans que le pays la soutienne. Parce qu'autrement, on se trouve dans un affrontement dont vous avez entendu des présentations qui sont des présentations fallacieuses, en disant « mais c'est le pouvoir contre les Français ». Moi je ne suis pas du côté du pouvoir, je suis du côté des Français.
Léa Salamé : Mais le pays vous soutient ? Vous avez l'impression que les gens descendent dans les rues en disant « la dette, la dette » ? Au contraire, ils disent « on ne veut pas des deux jours supprimés ».
François Bayrou : Peut-être vous ne lisez pas attentivement, par exemple, les sondages. Il y a un sondage qui sort ce soir, je ne sais pas s'il est encore public. Quand on demande aux gens si c'est vraiment les jeunes qui vont devoir payer ça pendant 30 ans ? La réponse est oui à 66%. Vous ne trouvez pas que ça pose une question d'équilibre du pays, d'équilibre des générations ? Et depuis, d'habitude, quand il y a un problème qui apparaît, on a l'impression, les Français ont l'impression que les gouvernants se défilent, qu'ils mettent la poussière sous le tapis pour sauver…
Léa Salamé : leur poste.
François Bayrou : …Leur poste, et ce que les Français croient leur privilège. Et bien, pour une fois, ça n'est pas un gouvernement qui se défile, ça n'est pas des gens qui veulent se cacher. Moi, je dis, il est impossible de conduire une politique comme celle-là, qui est une politique acceptable, modérée, pour rééquilibrer les choses. Il est impossible de conduire une politique comme celle-là si les Français ne prennent pas conscience, ne sont pas persuadés. Et pour que les Français soient persuadés, vous dites, est-ce que vous regrettez ? Pour que les Français voient la gravité des choses. Alors j'ai dit, très bien, je mets sur la table l'avenir du gouvernement.
Léa Salamé : C'est un gouvernement qui ne se défile pas, vous dites, c'est un Premier ministre qui ne se défile pas, en parlant de vous, mais c'est un Premier ministre qui risque très fortement de tomber dans quatre jours. Qu'est-ce qui vous laisse penser que vous avez une chance d'éviter la chute dans quatre jours ?
François Bayrou : Vous ?
Léa Salamé : Moi ?
François Bayrou : Le journal de France 2 à 20h, c'est un grand journal. Le journal de France 2 à 20h, il y a beaucoup de millions de spectateurs qui le regardent. Et s'ils sont convaincus que celui qui leur parle leur dit la vérité, alors eux, leur prise de conscience sera entière et elle joue sur les parlementaires.
Léa Salamé : Mais ce ne sont pas eux qui votent lundi, ce sont les députés. Et pour cela, il fallait les convaincre. Vous avez reçu aujourd'hui le Parti Socialiste. Emmanuel Macron a dit « la clé est au Parti Socialiste, il faut travailler avec les socialistes ». Est-ce que vous avez réussi, à convaincre, à faire changer d'avis, à faire signer Olivier Faure ?
François Bayrou : Je ne fais signer personne. Le Parti Socialiste et d'autres, le Rassemblement National, Place Publique, sont venus et ont dit « Mais en fait, sur le bilan, vous avez raison. C'est un énorme progrès. Si nous pouvions nous arrêter à cette phrase, sur le constat, vous avez raison. » Après, les forces politiques en question sont venues défendre devant nous, avec courtoisie, sont venues défendre des positions radicalement inverses entre elles. On va s'arrêter une seconde à ça, si vous voulez bien. Le parti socialiste dit « il faut créer 32 milliards d'impôts supplémentaires, en particulier sur les entreprises ». Et à côté, en face, le Rassemblement national, dit « pas un euro d'impôt supplémentaire ». Le Rassemblement national dit « il faut mettre la charge sur les immigrés ». Et le Parti socialiste dit que vous avez pris ces jours-ci une décision sur l'aide médicale d'État, c'est-à-dire l'aide médicale réservée aux immigrés en situation irrégulière et vous avez enlevé un certain nombre de prestations. C'est la vérité.
Léa Salamé : Oui, c'est la vérité, parce que vous vouliez faire un geste en direction du Rassemblement national.
François Bayrou : Je ne voulais faire aucun geste en direction de personne, Madame.
Léa Salamé : Alors pourquoi vous avez décidé ça ?
François Bayrou : Excusez-moi, parce que j'essaie de trouver de la justice. Et par exemple, dans la liste des aides et des prises en charge qu'on faisait pour les immigrés en situation irrégulière, il y avait la balnéothérapie. Vous trouvez normal, juste ? Les Français, en tout cas, je suis sûr, ils disent « mais ce n'est pas possible parce qu'on ne peut pas donner à des étrangers en situation irrégulière, on ne peut pas leur donner des avantages qui sont supérieurs aux avantages des Français ».
Léa Salamé : Mais François Bayrou, vous auriez pu avoir cette discussion, tout ce que vous nous dites là, sur l'AME, sur l'aide médicale, avec le Rassemblement national, sur la taxe et les plus riches, avec le PS, sans demander ce vote de confiance et en estimant que vous n'aviez pas la majorité et qu'il fallait composer. Or vous n'avez rien fait de tout cela.
François Bayrou : Vous vous trompez complètement. Mais je peux vous affirmer avec certitude que toute l'exploration que nous avions faite, tout le travail de discussion préalable qu'on avait avec les uns et les autres jusqu'au mois de juillet, jusqu'à la fin du mois de juillet, c'était un travail qui conduisait à penser qu'on se focalisait uniquement sur des mesures, pardon de dire, secondaires. Vous avez tout à l'heure dit, la question c'est les jours fériés. Les jours fériés c'est 10% de l'effort qu'il faut faire…
Léa Salamé : Mais ça a heurté tout le monde !
François Bayrou : …Sur 44 milliards.
Léa Salamé : Est-ce que ce soir, vous nous dites, vous dites qu'il y a des millions de gens qui vous regardent, et c'est la vérité ce soir, est-ce que vous leur dites, les deux jours fériés que je vous demande, la suppression des deux jours fériés, je la retire, ça ne passe pas, je la retire ?
François Bayrou : Je n'emploie pas ce genre de phrase, parce que ce genre de phrase veut dire des marchandages qui ne sont pas justes. J'ai dit à mes interlocuteurs, tous mes interlocuteurs, par exemple LR, qui sont venus me voir avec cette idée des formations politiques du socle central, le Renaissance et le MoDem, ils ont dit on a d'autres idées que les jours fériés. Très bien, je les prends. Pourquoi les jours fériés ? On s'arrête juste à cette idée qui n'est qu'une proposition qu'on peut changer, qu'on peut bouger, qu'on peut amender. Pourquoi les jours fériés ? Parce que le drame de la France, c'est qu'elle produit moins que les autres.
Les chiffres sont sortis hier, vous les avez vus, alors je les répète. Quand la France produit 100 par Français, l'Allemagne produit 116, les Pays-Bas produisent 135. Si nous avions 16% de production de plus. Les salaires seraient 16% plus hauts et les ressources de l'État seraient 16% plus importantes.
Léa Salamé : Mais vous savez ce que disent les Français, vous les entendez, vous les avez entendus. Vous leur dites « il va falloir travailler deux jours de plus, parce qu'on ne travaille pas comme les autres et parce qu'il y a cette dette ». Et ils disent « nous, on n'en peut plus. On n'en peut plus d'être taxés, on n'en peut plus de faire des efforts quand le gouvernement de François Bayrou et depuis huit ans qu'Emmanuel Macron est au pouvoir, la dette a augmenté de 1000 milliards. C'est insupportable qu'on nous dise à nous il va falloir bosser encore plus ».
François Bayrou : Excusez-moi de dire, cette manière de présenter les choses est insuffisante. Parce que la dette, elle a commencé en 1974. Et tous les gouvernements, de toutes les tendances, ont été au pouvoir l'un après l'autre. Et la dette a constamment augmenté. Elle a augmenté les deux dernières fois les plus importantes, sous Nicolas Sarkozy, parce qu'il y a eu la crise qu'on a appelée des subprimes, vous savez, une crise financière internationale, partie des États-Unis, et elle a augmenté à partir de 2020. Entre 2017 et 2020, les gouvernements du quinquennat précédent avaient diminué. Mais à partir de 2020, pourquoi ? Parce qu'il y a eu le Covid, on a dépensé, on a emprunté pour le Covid 250 milliards. Et on a continué les années suivantes, parce qu'il y a eu la guerre en Ukraine. Parce qu'il y a eu…
Léa Salamé : l’inflation.
François Bayrou : …La crise de l'énergie d'abord, il a fallu subventionner à la pompe pour que les pleins de carburant ne soient pas trop lourds, et ça a continué avec l'Ukraine et avec l'inflation. Oui, il y a eu une succession de crises terribles. La question de la France, c'est parce qu'on n'a pas conscience de la gravité de la situation. Vous créez des dépenses et on ne revient jamais sur ces dépenses. Et ce que nous disons, très simple, ce n'est pas l'austérité qu'on plaide. On plaide un ralentissement des dépenses. Et s'il n'y a pas de ralentissement des dépenses, la dette continue à augmenter et le poids qu'on met sur le sac à dos des plus jeunes devient de plus en plus important.
Léa Salamé : Monsieur le Premier ministre, la journée de mobilisation du 10 septembre, un mot sur ce mouvement « bloquons tout ! », qui est maintenu, une note des renseignements. dit qu'il sera très suivi, 100 000 personnes peut être attendues avec des actions peut-être violentes, des actions de sabotage. Est-ce que vous la redoutez cette journée ?
François Bayrou : Non, mais excusez-moi, 100 000 personnes, c'est un chiffre, vous qui connaissez, assez bas pour la société française. Parce que 100 000 personnes, ça veut dire 1 000 personnes en moyenne par département. D'habitude, pour les grandes journées de mobilisation, c'est beaucoup plus.
Léa Salamé : Donc, vous n'êtes pas inquiet ?
François Bayrou : Je suis inquiet de la situation du pays. Je suis inquiet de l'absence de prise de conscience. Et c'est pourquoi je vais plus loin qu'aucun gouvernement ne va jamais en disant voilà, nous mettons en jeu la vie même du gouvernement pour que le pays comprenne que ce sont des choses graves. Et les parlementaires que vous évoquiez, les groupes politiques prendront chacun leurs responsabilités. Ce que je sais, c'est que nous les avons prises.
Léa Salamé : Il y a une question qui intéresse beaucoup de Français, il y a les affaires courantes, puisqu'il y a la politique et il y a les affaires courantes. Est-ce que vous allez signer ces prochains jours le décret pour doubler les franchises médicales ? Est-ce que les Français vont payer leurs médicaments plus chers ?
François Bayrou : Doubler les franchises médicales, c'est un mot qui fait peur à tout le monde. Les franchises médicales, c'est actuellement à 50 euros par an. Et ce que le gouvernement et la sécurité sociale, envisagent, c'est de les passer de 50 euros par an à 100 euros par an. Et le sommet, c'est pour des gens qui gagnent à peu près 4000 euros par mois. Passer de 50 à 100 euros, c'est 4 euros par mois. C'est-à-dire, je ne sais pas, un tiers d'un abonnement pour ceux qui vont au sommet des franchises, pour ceux qui dépensent ou qui achètent beaucoup.
Léa Salamé : Donc oui, le décret, vous allez le signer ?
François Bayrou : Et donc je trouve que c'est une mesure qui fait en effet partie des efforts normaux qu'on devrait pouvoir tous accepter pour que notre pays se sauve. Ce qui est en question aujourd'hui, ça n'est pas des agréments, ça n'est pas faire des sacrifices excessifs. C'est faire chacun un geste pour que le pays se sauve.
Léa Salamé : Le 9, peut-être que la France n'aura pas Premier ministre, ou plus de premier ministre.
François Bayrou : Elle en aura un, mais il sera peut-être, comme on appelle, en situation d'expédition des affaires courantes.
Léa Salamé : Voilà, il gérera les affaires courantes, ce sera vous.
François Bayrou : Il y a toujours un Premier ministre en France.
Léa Salamé : Mais il faudra quoi ensuite ? Parce qu'on sera dans une situation de blocage, vous savez que les Français, les chefs d'entreprise, n'aiment pas l'incertitude. Il faudra quoi ? Vous avez une liberté de parole, vous conseillez Emmanuel Macron depuis longtemps, il faudra nommer un autre Premier ministre ? Ou il faut une dissolution ?
François Bayrou : Oui…
Léa Salamé : Ou il faut une dissolution ?
François Bayrou : Non, il faudra nommer un autre Premier ministre et c'est le jeu normal des institutions. Alors je vous dis ce que je pense, la décision appartient au président de la République. Une dissolution, ça ne résout absolument rien. On a dissout il y a un an, après les élections européennes, le Président de la République a pris la décision de dissoudre. Qu'est-ce qui est sorti ? Une assemblée encore plus paralysée que la précédente. Et qu'est-ce qui risque de sortir d'une dissolution prochaine ? C'est une assemblée encore plus divisée que celle-ci. Et donc, cette situation-là, c'est une situation que je ne recommanderais pas pour le pays. Il y a des gens qui en rêvent. Pourquoi ? Parce qu'ils croient que l'extrême droite va avoir la majorité et que ça ouvre des perspectives aux uns et aux autres. Je ne trouve pas que ce soit quelque chose qui peut permettre au pays d'avancer. Je suis persuadé que si on accepte de regarder les choses en face, comme je le propose, et si on accepte après, comme un certain nombre de forces politiques me l'ont proposé, de se mettre autour de la table, peut-être on pourra avancer mieux. En tout état de cause, je sais qu'on ne peut pas éluder, on ne peut pas mettre sous le tapis une question aussi importante que celle-là, et c'est pourquoi j'ai pris la décision de courir le risque. Les gouvernants ne prennent jamais le risque.
Léa Salamé : De tomber ?
François Bayrou : Oui, ça arrive à des gouvernements de tomber. Et à des gouvernements très bien, vous savez. Ça arrive à des gouvernements de tomber.
Léa Salamé : Le 9 septembre, François Bayrou, vous serez où ?
François Bayrou :J'imagine que je serai exactement encore assis au même bureau parce que je doute que d'ici au 9 septembre, on aura les nominations que les institutions imposent.
Léa Salamé : Vous avez déjà…
François Bayrou : De toute façon…
Léa Salamé : …Accepté l'issue du 8 en fait.
François Bayrou : Exactement, non. Pourquoi je suis venu sur votre plateau ? Pourquoi ? Parce que vous m'avez invité. Je suis venu sur le plateau parce qu'on a besoin de convaincre. On a besoin, quand on croit quelque chose dans la vie, on se bat jusqu'à la dernière minute, on se bat au-delà de la dernière minute, on se bat au lendemain de la dernière minute parce que la situation de la France, ça n'est pas le gouvernement. La situation de la France, c'est hélas l'équilibre que nous avons perdu de nos comptes et peut-être un peu de nos repères.
Léa Salamé : Merci François Bayrou. Merci d'avoir été notre invité. Vous avez vu Un petit truc en plus ?
François Bayrou : Mes enfants l'ont vu. Nombreux. Ils ont trouvé ce film formidable. Je crois qu'ils n'ont pas été les seuls parce qu'il paraît qu'il y a eu 11 millions de spectateurs.
Léa Salamé : 11 millions de spectateurs, c'est le plus gros succès de la décennie.
François Bayrou : Et si on avait 11 millions de voix ? On trouverait que c'est une bonne chose.
Léa Salamé : Ah là, vous avez de la marge. Merci infiniment d'avoir été là. C'est Artus qu'on reçoit, le réalisateur et l'acteur d'Un petit truc en plus. Dans quelques instants, deuxième invité. Merci, monsieur le Premier ministre.