"Réinventons la démocratie européenne !"

Marielle_de_Sarnez-MDS

Lors du Conseil du Parti démocrate européen qui se tenait hier et aujourd’hui à Athènes, Marielle de Sarnez a rappelé la responsabilité particulière des démocrates, celle d'encourager un processus de reconstruction de la démocratie européenne.

"Nous avons eu un débat extrêmement lucide sur la question européenne et sur les difficultés européennes, mais aussi très constructif quant aux propositions qui ont été amenées, notamment sur la question démocratique.

La première chose que je veux dire c’est que je pense que, dans cette période très difficile pour les Européens, nous avons, Parti démocrate européen, une responsabilité particulière. C’est un défi particulier que nous devons relever parce que je pense que ni les conservateurs, ni les socialistes – au fond, ni la droite, ni la gauche – ne le relèveront et ne seront en capacité de le relever. On voit bien que leur sentiment européen est flottant, que leurs interrogations sont nombreuses et qu’il appartient aux Européens que nous sommes de proposer, peut-être, un aggiornamento, un changement profond pour retrouver la confiance des citoyens.

Je pense qu’il faudra que nous vous proposions une marche à suivre pour une plateforme civique européenne qui soit un moyen, pour nous, de lancer le débat sur une refondation européenne, probablement à partir de textes que nous pourrions écrire les uns et les autres et faire circuler. Je crois qu’il y a un moment où il faut que ça passe par l’écrit. Donc, je vous proposerais volontiers que nous écrivions, avant le prochain Conseil, ce que nous avons à dire sur toutes ces questions.

Je passe au deuxième point. En vous écoutant, j’ai été frappée de penser la chose suivante : au fond, tous les sujets dont nous avons parlé ce matin sont des défis auxquels sont confrontés tous les pays du monde, pas seulement l’Europe. La question du développement économique, du développement tout court, la question des identités, la question du populisme, la question de la laïcité, la question des migrants, des réfugiés, la question des grands équilibres économiques, la question du modèle social, du modèle agricole aussi… Toutes ces questions sont des questions qui se posent à l’ensemble des pays du monde. Tous ces défis, je considère qu’en Europe, au lieu d’en faire des opportunités, nous les avons vécus depuis un certain nombre d’années comme des crises. On ne cesse, aujourd’hui, année après année, de parler de « crises » : crise du Grexit, crise du Brexit, crise des migrants, crise des réfugiés, crise économique… La liste serait longue. Je pense qu’il faut que l’on regarde avec lucidité ces défis et que l’on dise au moins une chose : si ces défis sont devenus des crises, c’est parce que les institutions européennes n’ont pas été à la hauteur et n’ont pas su apporter au bon moment les bonnes réponses. Je suis absolument frappée du manque d’anticipation absolue des institutions européennes sur ces questions.

Prenons un exemple, la question des réfugiés que nous soulevons depuis longtemps avec Nathalie Griesbeck. Cela fait malheureusement cinq ans qu’il y a la guerre en Syrie, cinq ans qu’il y a des millions de Syriens qui ont quitté leur pays pour des pays voisins, cinq ans que nous savions qu’une partie tenterait de venir en Europe. Je pourrais aussi parler du Grexit, où ce sont les Européens qui sont allés chercher le FMI pour intervenir – ce qui est quand même quelque chose, quand on y réfléchit, qui ne va pas.

Bref, nous nous sommes montrés incapables d’anticiper, incapables de prendre les bonnes décisions et incapables de prendre les décisions courageuses nécessaires. Si nous avions su régler la crise des réfugiés, nous ne nous serions pas mis dans les mains de M. Erdogan. Or nous sommes aujourd’hui dans ses mains. M. Erdogan a fait cesser le passage des réfugiés de la Turquie vers la Grèce parce qu’il y a eu un accord. Le jour où cet accord ne sera plus respecté, il y a trois millions de réfugiés qui sont en Turquie que M. Erdogan pourrait laisser partir. Donc, se mettre dans les mains de quelqu’un d’autre, ce n’est évidemment pas comme ça qu’il faut faire. 

Il y a un autre point sur lequel je veux intervenir. La question que nous avons devant nous est une question absolument vitale, fondamentale, essentielle, c’est la question de l’existence ou pas de l’Europe. Est-ce que l’on décide d’exister ? Est-ce que l’on décide d’apporter ces réponses ? Est-ce que l’on décide de faire face à ces défis et de les relever avec courage ? Parce qu’il faut quelque fois du courage. Je pense que c’est exactement la question qui nous est posée et à laquelle il faudra répondre. Et je pense que nous avons une responsabilité particulière pour répondre à ces questions.

C’est le quatrième point. Soit l’on décide d’améliorer le système institutionnel existant à la marge, en le rendant peut-être plus transparent, plus démocratique, soit l’on décide de le repenser. Moi, je crois qu’il est temps de le repenser vraiment. Je pense qu’aujourd’hui, dans la galaxie des institutions européennes, on voit bien que la Commission européenne ne marche plus, que les chefs d’Etat et de gouvernement, grosse modo, sont dépassés par les événements et n’arrivent plus à décider, à anticiper. Et on voit bien que, même dans le Parlement européen, les peuples ne se retrouvent pas.

Donc, il va falloir que l’on reconstruise un nouveau modèle de gouvernance européenne, que l’on reconstruise une démocratie européenne, que l’on invente une démocratie européenne en associant les parlements européens, les citoyens européens, en essayant de retrouver un équilibre avec les chefs d’Etat et de gouvernement qui aient une vision européenne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, nous sommes dans des visions qui sont à chaque fois extrêmement égoïstes et repliées sur elles-mêmes. Donc, je pense que le temps va être au renouvellement, à l’innovation, à la création d’une nouvelle forme de gouvernance européenne.

Voici pour moi les défis que le Parti démocrate européen aura demain matin à relever."

Marielle de Sarnez

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