"Dans ces temps difficiles, il y a urgence à soutenir la démocratie tunisienne"
Un plan pour prêter à la Tunisie 500 millions d'euros à des conditions favorables pour l'aider à réduire sa dette extérieure et à consolider ses mécanismes démocratiques, a été validé par le Parlement européen ce mercredi.
Les députés ont soutenu à une très large majorité (par 561 voix en faveur, 76 contre, avec 42 abstentions) le rapport de Marielle de Sarnez sur l’assistance macrofinancière à la Tunisie. Pour Marielle de Sarnez, déjà auteure du rapport qui a permis la mise en place en début d’année d’un plan d'urgence pour importer 70 000 tonnes d'huile d'olive de Tunisie en franchise de droits, l’adoption de ce texte envoie un bon signal. Celui d’une Union européenne aux côtés de la Tunisie, aux côtés des Tunisiens. Une Union européenne qui exerce une solidarité active, réelle, concrète.
À l’occasion du débat en session plénière du Parlement européen, qui a précédé ce vote, Marielle de Sarnez, a déclaré :
« C'est un moment important pour la Tunisie, et c’est pourquoi nous devons être à ses côtés. Tout le monde connait dans cet hémicycle les défis importants auxquels la Tunisie est confrontée. Défi économique avec un chômage qui explose, des disparités régionales extrêmement fortes entre la région de Tunis et le Sud de la Tunisie et les attentats terroristes qui ont mis fin au tourisme, alors que ce secteur représente 500 000 emplois en Tunisie. Défi sécuritaire, avec les attentats, au musée du Bardo, à Sousse et ce qui s'est passé à Ben Guerdane, à la frontière entre la Libye et la Tunisie. La Tunisie a près de 500 kilomètres de frontière avec la Libye, pays terriblement déstabilisé, avec des trafics de drogue, d'êtres humains, et des attaques terroristes. Je veux parler aussi du défi migratoire et rappeler que les Tunisiens ont reçu plus d'un million huit cent mille réfugiés venant de Libye, ce qui représente presque 20 % de leur population.
Voilà donc les défis auxquels sont confrontés les Tunisiens et, malgré ces défis, la Tunisie est au rendez-vous de la démocratie. Sa transition démocratique est absolument remarquable. Rappelons-nous que le prix Nobel de la Paix a été donné à la société civile tunisienne pour l'encourager à poursuivre sur cette voix.
Et pour toutes ces raisons-là, ces difficultés, en même temps parce que la Tunisie maintient le cap, y compris dans des temps difficiles, nous devons nous, Européens, être à leurs côtés. C'est pourquoi nous allons voter ce matin ce plan d'aide macrofinancière de 500 millions d’euros, le deuxième, pour aider la Tunisie, qui a besoin de ces capitaux.
Ce plan prend sa place dans une politique stratégique globale de l'Europe vis-à-vis de la Tunisie. Nous avons ouvert des négociations commerciales que nous souhaitons voir évoluer vers un partenariat politique et économique. Nous avons pris des mesures d'urgence avec les quotas d'huile d'olive : 35 000 tonnes annuelles à droit nul pour la Tunisie. Et aujourd'hui, nous discutons de cette aide macro-financière. C'est une aide de 500 millions, la deuxième, sur 15 années, conditionnée à un certain nombre de réformes dont je souhaite qu'elles soient pertinentes, qu'elle ne soit pas que comptables, qu'elles servent vraiment le développement de la Tunisie. Si ce rapport est adopté tout à l'heure, le Conseil le soutiendra, et je demande vraiment à la Commission de faire ces décaissements de capitaux le plus rapidement possible, avant l'été, car la Tunisie en a besoin.
Un dernier mot enfin. Cette aide macrofinancière n'est pas un don, une subvention. C’est un prêt. L’Europe prête de l'argent à la Tunisie, qu'elle devra rembourser. Et je veux aborder ici la question de la dette tunisienne qui ne cesse d'augmenter. Je voudrais ouvrir une piste de réflexion. La France, comme l'Allemagne, ont décidé de convertir une partie de la dette de la Tunisie, 60 millions pour la France et 60 millions pour l'Allemagne, en projets d'investissements en Tunisie. Ceci est tout à fait pertinent et intelligent. Je souhaiterais que la Commission, pour l'avenir, au-delà du plan que nous allons adopter ce matin, arrive à penser les choses de cette manière. Je pense que ce serait plus utile et plus judicieux pour la Tunisie. Ce que la France et l'Allemagne ont fait, les institutions européennes devraient le proposer aussi pour la Tunisie.
Enfin, nous voyons tous que nous devons être aux cotés de la Tunisie et des Tunisiens. Nous le devons pour eux. Mais nous le devons aussi pour notre Union européenne, pour notre Europe. Nous avons besoin d'une Tunisie stable, prospère et en paix aux côtés de l'Europe. »
En conclusion du débat, Marielle de Sarnez a ajouté :
« Je suis très frappée de la convergence de l’analyse et de l’état d’esprit de l’ensemble des collègues qui sont intervenus. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il faut exercer une solidarité réelle vis-à-vis de la Tunisie. Nous sommes tous d’accord pour dire à la Commission qu’il y a urgence, qu’il y aura urgence à donner les fonds à la Tunisie qui les attend. Nous sommes tous d’accord pour dire que, oui, il faut des réformes mais qu’il faut trouver un chemin qui corresponde au point où en est aujourd’hui la Tunisie.
C’est un signal de plus envoyé à nos amis tunisiens. Nous leur disons ce matin : dans le chemin difficile qui est le vôtre, vous n’êtes pas seuls, l’Europe est à vos côtés. »